Depuis mes 15 ans, j'entremêle dessin à l’encre de Chine et écriture.

Lorsque je renoue avec le dessin, après mon master II d’histoire de l’art, c’est tout naturellement vers cette technique que je reviens. Si parfois la couleur s’invitait dans l’un de mes tableaux, c’est avant tout le travail à l’encre de Chine qui avait toute mon attention car je ne privilégiais pas nécessairement la figure centrale. En outre, je craignais que la couleur ne “déconcentre” le regard alors que le fond, les écrits et les entrelacs les cachant, avaient autant d’importance à mes yeux.

Je décide d'exposer pour la première fois mes tableaux et de devenir artiste indépendante. Je me libère du carcan « noir et blanc ».
Contre toute attente, comme une évidence, c’est la couleur la plus vive que j’ai rapidement mariée au noir de l’encre : le rouge de la passion, de l’amour, de la flamboyance, mais également de la colère, de la révolte... Ce rouge-là, je le fabrique moi-même, il est devenu ma signature au même titre que les entrelacs, que je nomme “repeints de pudeur”, puisque voilant les écritures ayant souvent trait à l’intime.

Le confinement est le déclencheur d’une palette de couleur plus large : le jaune apparaît, quoique de manière furtive, et le bleu, d'innombrables bleus... Je peins différemment avec le bleu. Je tente d’autres couleurs, le fond lui-même se colore, je prends le temps de m’égarer même, tout en veillant à la pérennité de mon rouge et à la continuité du noir et blanc, suivant l’inspiration que suscite notre Temps, les désordres heureux et malheureux de la Vie.